L’aspect philosophique des arts martiaux

 
 
 
Un mode de vie
À mon avis, les arts martiaux doivent constituer un « mode de vie reposant sur le principe de l’harmonie entre les opposés » plutôt qu’un simple système ou moyen d’auto-défense. Si vous aviez en tête de n’apprendre que des techniques d’auto-défense efficaces pour vous protéger ainsi que vos proches, quelques mois suffiront alors puisque vous n’aurez qu’à vous concentrer sur votre motricité grossière (c’est-à-dire, sur les techniques qui vous viendront facilement si jamais vous vous retrouvez dans une situation de défense hautement stressante). D’autre part, si votre intention est plutôt de remporter des médailles dans un sport « martial » tel que le judo ou le jiu-jitsu brésilien, il vous faudra quelques années pour maîtriser des techniques précises basées sur la motricité fine afin de réagir avec succès devant des diverses attaques debout ou au sol, un peu à la manière d’un joueur d’échecs qui doit devancer son adversaire en planifiant plusieurs coups d’avance.
Mon objectif est plutôt de vous aider à réconcilier les soi-disant contraires ou opposés qui jalonnent notre vie afin de vous accompagner dans ce cheminement qui consiste à vous épanouir au maximum en tant qu’être humain. Il s’agit du cheminement de toute une vie dont l’issue ne se trouve pas dans un avenir lointain, mais plutôt, dans le moment présent, alors que vous apprenez à maîtriser chaque mouvement qu’on vous enseigne. L’issue est donc le processus lui-même et non pas un objectif à long terme (plus ou moins à l’instar de ce que disait Marshall McLuhan en déclarant que le message est, en fait, le médium lui-même. L’objectif est donc de chercher à s’accomplir dans le moment présent plutôt que d’attendre d’avoir atteint une étape déterminée de votre vie. Dans cet ordre d’idées, en parlant des « opposés », on pourrait dire que les mouvements linéaires et les mouvements circulaires font partie d’une même réalité; il en va de même de ce qui est considéré comme « dur » et comme « souple », de la « motricité grossière » et de la « motricité fine », etc. La motricité grossière n’existe que par opposition à la motricité fine. Pourquoi devrait-on se contenter d’une seule partie d’une même réalité et se retrouver prisonnier de ce faux raisonnement jusqu’à la fin de ses jours? L’un ne saurait exister sans l’autre.
À la longue, vous allez constater que ce processus de développement a des répercussions sur tous les aspects de votre vie, même vos relations intimes. Vous allez également constater une évolution dans votre perception quant aux raisons qui motivent certaines personnes à agir avec violence, et ce, quelles que soient les lois que le parlement peut adopter pour tenter de contrer cette violence. Vous allez en arriver à comprendre que la violence peut servir d’énergie utile si on la canalise de façon à réaliser des objectifs souhaitables. Et il en va de même de l’énergie sexuelle, etc. C’est la maîtrise plutôt que la répression qui constitue l’unique moyen valable de réaliser l’harmonie chez l’être humain. Seul un travail laborieux et graduel peut vous permettre d’atteindre cet état. Pourquoi ne pas découvrir la dimension spirituelle et éternelle qui vous habite? Le corps et l’esprit sont intimement liés; ce ne sont pas des entités séparées l’une de l’autre. Pour le découvrir, il ne faut surtout pas laisser votre ego occuper tout l’espace dans votre vie. Amorcez dès aujourd’hui votre épanouissement personnel.
©2017 extrait du livre intitulé Les arts martiaux guident notre destiné, rédigé par Adrien Breton Shihan. Vous pouvez écrire à l’auteur à l’adresse suivante : [email protected]